La Meuse terre de batailles

20/02/2014 14:57

Ce si beau département fut ravagé par de nombreuses invasions et batailles : 1870 / 1914-1918 / 1939 - 1945 qui firent quantités de victimes civiles et militaires.

Je voudrais, qu'au cours des quatre années qui vont venir, participer à la commémoration du centenaire de la première gerre mondiale, à mon petit niveau.

J'ai eu la chance de connaitre mes deux grands-pères, qui furent tous les deux combattants durant ce conflit, et qui en revinrent.

Mon Grand - Père maternel Henri Hutin, lui a triché sur son âge en 1917 (il n’avait que 17 ans) et s’engagea dans les chasseurs à pieds il fit partie des troupes qui se battirent dans les T.O.E sous le commandement du capitaine Charles de Gaulle qu’il suivit en Pologne, Pays baltes et Russie (armée Wrangel – russes blancs), comme observateurs de la S.D.N.

 

Mon Grand-père paternel s'appelait (Etat civil) : François Marie Jacques Antoine REYRE (Prénom usuel : Jacques) Il est né à Saintines (Oise) le  .../ octobre (?) 1896 Le  20/11/1969. Il est mort subitement  à Paris le  20/11/1969.

Trichant sur son âge il s'est engagé fin 1914 ou début 1915 et fut envoyé en E.O.R (ses parents résidaient à Senlis).

Il a rapidement  obtenu au front le grade de lieutenant, avec lequel il a terminé la guerre après avoir reçu la croix de guerre avec au moins deux citations et a été promu chevalier de la légion d'honneur à titre militaire.

Autant que je me le rappelle, il m’a dit avoir  été aux Éparges J'ai des doutes sur son n° de régiment d'infanterie  131ème? ,132 ème? ,151? Ème ou autre encore  entrevu en sur sa vieille cantine d'officier Il a été gravement blessé par éclats (et trainera pour le reste de sa vie un intestin avec des adhérences qui nécessiteront une opération délicate à la veille de la guerre de 1940) et sera envoyé en convalescence au moins trois mois au début de 1918  je crois.

Il entre en 1919 à HEC puis travaille dans la firme familiale jusqu'en 1931 avant qu'elle ne sombre dans la grande crise économique Jusque fin 1938 il suit avec assiduité les périodes militaires. Il est ensuite complètement rendu à la vie civile.

 

Mon grand-père maternel m'a balladé sur un grand nombre de champs de batailles, pour mon plus grand plaisir, car il me racontait (comme seulement ceux qui en furent les acteurs peuvent le faire) ces jours et ces nuits de "poilu".

Je vais un peu bruler les étapes et commencer par un récit extraordinaire qui s'est déroulé en 1916 et qui s'est prolongé jusque pendant la seconde guerre mondiale. Il est raconté par mon gand-oncle Paul, qui comme son frère Jules étaient chasseurs à pieds sous les ordres de Driant. rescapé aussi de ces terrifiants combats. La chance a voulu, et le coeur aussi, que de ces déchirements naisse une amitié hors du commun :



Retrouvailles, 50 ans après, de deux adversaires de la guerre  14-18

relatée par l’un des protagonistes, Paul Hutin-Desgrées

(in Journal « Ouest-France », 10, 11, 12 novembre 1967

traduit et paru en allemand dans « Sontagsblatt Spaichingen » )

 

"Les journaux allemands ont déjà raconté cette émouvante histoire. Je l’ai tue longtemps. Scrupule qui se comprend, car j’y suis directement mêlé.

Mais refuserais-je cet hommage à mon adversaire de combat à la bataille de la Marne, à mon camarade d’hôpital de Verdun, et puis à mon ami retrouvé après cinquante ans ?

Voici très simplement les faits. Je les raconte pour faire d’une part un point d’histoire et montrer que l ‘émulation mutuelle pour la victoire ne comportait pas alors de haine entre Français et Allemands ; pour démontrer qu’en tout homme libéré des ensorcellements du genre impérialiste ou hitlérien le cœur est bon, naturellement ouvert à la pitié ; pour rappeler de plus que dans la souffrance et, à certaines heures, la concitoyenneté spirituelle l’emporte souvent sur la concitoyenneté nationale. Alors les raisons qui rapprochent les âmes sont plus fortes que les raisons qui font se croiser les armes.

 

 La fleur au fusil

En août 1914, partait, la fleur au fusil, le 127° Régiment d’Infanterie d’Ulm, applaudi par des foules allemandes en liesse. En liesse aussi, sur les routes et par les rues de notre Lorraine, mon bataillon, le 25° Chasseurs, fleur au fusil lui aussi, gagnait la frontière.

Pour les soldats qui allaient s’entretuer pendant quatre ans, la guerre alors apparaissait comme une simple promenade avec grandes manœuvres d’encerclement et prouesses de stratégie.

La guerre, pour les deux camps, s’annonçait victorieuse et brève.

Dés les premiers combats, aux premières fusillades et aux premiers bombardements – canons de 210 allemands ou 75 français - , nous fûmes de par et d’autres dégrisés. Plus de fleur au canon des fusils, mais des crispations sur les crosses.

 

À la baïonnette dans la nuit

En ces jours, du 6 au 10 septembre, l’aile gauche allemande attaquait l’aile droite française dans la région de Vitry – Bar-le-Duc. Trois bataillons de chasseurs, les 25°, 26° et 29°, faisaient face à  deux régiments d’infanterie wurtembergeois. Un de ces régiments comptait parmi ses chefs celui qui devait devenir le Maréchal Rommel. C’était une troupe de fer, mais elle avait à qui parler. Nous fûmes durant trois jours écrasés par les « marmites » allemandes, les 210 et les 380 ; nous en avions le mal de mer.

Dans la nuit du 9 au 10 septembre, espérant faire la percée, le grand coup fut donné par les wurtembergeois. Ils nous croyaient à bout et c’est dans une tempête de hourras, de fifres, de tambours, que l’assaut fut donné par eux. Nuit vraiment apocalyptique : des lignes de fantômes bondissaient vers nous à la lueur des maisons de fermes devenues des torches. Ce fut une indescriptible mêlée à la baïonnette. Le 25° Chasseurs était directement aux prises avec le 127° Wurtembergeois. Nous tînmes bon.

Le lendemain, les Allemands, battus sur la Marne, se replièrent. Ils laissaient de multiples blessés sur le terrain.Les relèves se firent bien lentement. Un fantassin du 127° Wurtembergeois, Urban Grimm, resta plusieurs jours à l’abandon, sans pansements ; il fut transporté quelques jours après à l’hôpital Saint-Nicolas de Verdun, atteint par la gangrène. Je n’avais été que blessé légèrement dans le combat. Mais douze jours après, à la suite d’une autre charge à la baïonnette en plein jour, je fus évacué à l’hôpital de Verdun.

 

Côte à côte sur nos lits d’hôpital

Des blessés allemands s’y trouvaient, et parmi eux un groupe de fantassins qui s’étaient battus contre nous dans la nuit du 10 septembre. L’un d’eux, amputé de la cuisse, était Urban Grimm.

A la description des lieux, je compris que nous nous étions battus pour ainsi dire l’un contre l’autre. Nous échangions nos impressions sur la bataille et Grimm, sur son lit,   se voilait les yeux en parlant des « terribles petits canons français » - les fameux « 75 » - qui avaient fait chez eux des ravages.

Les deux combattants opposés quinze jours avant ne cherchaient plus que des raisons de se soutenir dans leur épreuve et de se comprendre. Un de ces jours, ma mère (ma famille habitait la région) se rendit à mon chevet ; elle fit la connaissance de Grimm et fit tout pour faire parvenir à ses parents, par la Suisse, une lettre qui devait les rassurer sur son sort. J’appris plus tard que pour les parents de Grimm, ce fut la journée la plus émouvante de leur vie : leur fis était vivant.

Tout ce qui m’était apporté par mes parents ou amis fut partagé avec Grimm et avec ses camarades. Dans nos échanges de vues, nous gardions l’orgueil de nos armes respectives, mais l’un et l’autre nous revenions sans cesse sur ce thème : la guerre est un crime, il faut en préserver nos fils.

La lettre du prisonnier

Fin octobre, contre tous les règlements militaires, je m’esquivais de l’hôpital de Verdun pour rejoindre le bataillon de chasseurs le plus proche. C’était celui de Driant. La maréchaussée vint m’y chercher, mais Driant refusa de me livrer .

A mon départ de l’hôpital, Grimm avait tenu à me remettre une lettre pour ses camarades allemands au cas où je serais fait prisonnier. Il concluait cette lettre : « le Chasseur Hutin m’a traité comme un frère et chaque jour ma prière l’accompagnera ».

Le 17 décembre, je tombai grièvement blessé, lors d’une mission quelque peu aventurée aux abords des lignes allemandes. Je ne pouvais plus que me rouler sur le sol en attendant le coup de grâce. Pris de pitié sans doute, et je leur dois cet hommage, les Allemands ne tirèrent plus et je pus gagner, exsangue, nos lignes à huit cents mètres de là.

J’arrivai dans la nuit à l’hôpital de Verdun. Le lendemain, sitôt l’opération qui s’était imposée, je demandais des nouvelles de Grimm ; il était malheureusement parti quelques jours avant pour une destination inconnue. Je crus savoir qu’il devait être rapatrié avec un contingent de grands blessés allemands.

La guerre passa. J’avais toujours sur moi la précieuse lettre et le souvenir de Grimm me poursuivait, et un jour, cinquante ans après, je me » décidai d’entreprendre des recherches pour le retrouver.


J’eus l’occasion, au cours d’une rencontre chez le Comte de Paris, de conter cette histoire. La Comtesse de Paris, spontanément, me dit : »Nous allons chercher Grimm et je fais, pour ne pas oublier ma promesse, un nœud à mon mouchoir ».

Grâce au Comte de paris et au Duc de Wurtemberg

Presque aussitôt, le Comte de paris s’adressa au Duc de Wurtemberg qu’il m’avait donné l’occasion de rencontrer à diverses reprises chez lui.

Je lui fis parvenir le peu de renseignements que j’avais sur Urban Grimm, réserviste de la 2° Compagnie du127° Régiment d’Infanterie d’Ulm. Le Comte de Paris m’écrivit alors : «  Il faut alerter la presse, la radio, la télévision de Stuttgart, car la réalisation de votre voeu généreux illustrait la politique de réconciliation et d’amitié entre la France et l’Allemagne ; le concours de mon cousin le Duc de Wurtemberg, pénétré de cette idée, vous est tout acquis »

Et, de son côté, le Duc m’écrivait : « je vous prie d’être persuadé que je ferai tout mon possible pour vous aider dans une si noble cause ».

Inutile de noter les multiples démarches et recherches restées longtemps vaines faites par le Duc de Wurtemberg : Croix-Rouge, bureaux de recrutement, archives des régiments wurtembergeois, notes dans les journaux. Un jour, après des mois, le Duc de Wurtemberg me télégraphiait : « Camarade Grimm retrouvé ».

Après cinquante années de bouleversements, une grâce nous était donnée et nous la devions à deux hommes auxquels nous gardons une immense gratitude.

La rencontre

J’ai dit « nous était donnée », car Grimm, de son côté, pendant des années, avait fait force démarche pour retrouver son camarade d’hôpital « le chasseur Paul », seul renseignement qu’il avait gardé sur moi. Quelques jours après, sitôt que je le pus, je gagnai la petite ville de Wurtemberg, Spaichingen, où habitait Grimm et où il avait tenu un emploi de bureau en raison de sa mutilation.

Le matin de mon arrivée, il se trouvait à l’office religieux. Je pus le reconnaître dans l’assistance en raison de sa blessure.  Je me glissais à son banc : « c’est vous le camarade Grimm, c’est moi le camarade Paul ». Nous étions pâles d’émotion. L’instant d’après, nous étions côte à côte au banc de communion, comme nous avions été jadis côte à côte sur nos lits d’hôpital.

Quelle accolade fraternelle à la sortie de l’église ! Je fis connaissance alors avec toute la famille et de nombreux amis de Grimm tinrent à venir saluer le «  camarade français »

L’histoire des deux œufs

Grimm, au déjeuner, me raconta ses multiples et vaines démarches pour me retrouver. A l’hôpital de Verdun , il avait reçu de ma mère une image pieuse : « tenez, me dit-il, elle est toujours dans mon portefeuille », et il me rappelait tous les détails de ce séjour à l’hôpital de Verdun, pour la plupart oubliés par moi. «  Cette image, je l’ai toujours gardée sur moi. Votre prénom y était inscrit et chaque jour, j’ai tenu ma promesse que je vous avais faite lorsque vous êtes reparti au front : j’ai prié pour vous ; je vous croyais disparu dans les tourmentes de ces cinquante années, mais je ne vous ai pas oublié un seul jour ».

Et voici un fait émouvant. Grimm, dans la dernière guerre, avait un à son foyer un prisonnier français chargé des jardins. Il le traitait avec attention. Un jour, un de ses fils, d’un ton amer,    lui fit ce reproche : »Vous nous donnez à nous, vos enfants, un seul œuf, alors que vous en donnez toujours deux aux Français ». le père répondit : « Oui, je donne toujours deux œufs au prisonnier, le premier, car je le lui dois, et le deuxième, je le lui donne en pensant à mon camarade Paul ».

Depuis cette rencontre, nous avons gardé le contact par de nombreuses lettres, espérant nous rencontrer un jour à l’endroit où nous nous étions battus.

En ces jours d’armistice et en ces temps où nous travaillons de part et d’autre au rapprochement franco-allemand, on comprendra, et  mes camarades de guerre en particulier, que j’ai tenu à rappeler cette histoire, et je conclurai avec mon camarade Grimm, sûr d’être en accord avec les combattants des deux guerres : « les raisons qui rapprochent les âmes sont plus fortes que les raisons qui font tomber les armes. Les armistices signés sur parchemin ne sont valables que s’ils sont contresignés par les coeurs ».

 

Paul-Hutin-Desgrées

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NB :
Ce texte de Paul Hutin ne parle pas d’un fait qui pourrait - nous pouvons légitimement l’envisager - avoir joué un rôle dans le désir de retrouvailles :
 
Pendant l’occupation, deux agents de la Gestapo firent une perquisition en règle chez notre père à St Pabu par Erquy (Côtes-du-Nord) pour l'interroger et l'interner. En fouillant  son bureau dans les moindres détails, ils tombèrent sur un portefeuilles où Paul Hutin avait conservé le mot de Grimm.
 
Paul Hutin, fut interné à la prison de Saint-Brieuc puis de Rennes et jugé par le tribunal militaire allemand. Celui-ci, considérant l’ancien combattant de 14-18 et ses états de service à Verdun, fit preuve d’une relative mansuétude : Paul Hutin fut relâché sous astreinte de se présenter à la Kommandantur…
 
Après la Libération, nous apprîmes que l’interprète du tribunal militaire avait pris soin de ne pas traduire les réponses de Paul Hutin qu’il jugeait trop agressivement opposées à l’armée d’occupation et au régime hitlerien :  L’interprète et le tribunal furent donc influencés par ce mot de Grimm qui avait été versée au dossier

                                                                          

 

 Jules Hutin, l'autre frère pris dans la tourmente des combats du bois des Caures

Le caporal Hutin est cité à l'ordre du 59 ème Bataillon de chasseurs à pieds.

"Jeune caporal, plein de zèle et de dévouement, a fait preuve d'un grand courage et de sang-froid dans la journée du 21/02, lors d'une forte attaque allemande, précédée d'un violent bombardement, n'a pas hésité à se poster seul au devant de l'ennemi pour obstruer le boyau de communication avec sa tranchée".

 

Il est grièvement blessé dans cette attaque, sauvé par un officier allemand qui l'a transporté lui-même avec l'aide de son ordonnance jusqu'à un poste de secours. Jules Hutin est fait prisonnier.

 

Par une lettre envoyée à sa soeur de puis son lieu de captivité, un peu plus tard, on connaitra les circonstances exactes de ces faits:

"Ingolstadt, le 5 avril 1916

Ma bien aimée grande soeur,

Tu dois être renseignée depuis quelques temps sur mon sort par les nouvelles reçues de chez nous et aura dû etre étonnée de me voir prendre une fausse direction (fausse du moins dans la circonstance). Hélas, j'en ai été plus étonné encore mais malgré tous mes efforts n'ai pu résister à aller me faire casser dignement la tête...En es un pauvre petit morceau d'occase.

Voilà la chose : Le 21 au matin, il a plu très fort, mais une pluie telle que nul n'en avait jamais vu tomber avant ce jour. Alors j'ai fait comme l'autre, j'ai laissé pleuvoir epèrant que le pluie ne traverserait pas la baraque où je me trouvais avec une cinquantaine de copains et ma foi autour de nous, tout en a pris sauf nous...Ca tomba ainsi de 7h du matin à 15h. Voyant qu'on ne risquait plus d'être mouillé, je sors vivement, appelant les 50 copains, persuadé que j'allais être suivi, mais 5 minutes après je me trouvais avec 4 autres seulement et s'avançant vers nous des promeneurs insolites avec qui j'allais régler des comptes. Bien décidé à mourir là pour réparer la lâcheté du chef et des camarades débinés en arrière.

Je me dispose à résister, quand, au-dessus de nous "Boum", trois des camarades étaient morts, moi et l'autre blessés. Je me couche une minute, prêt à me remettre en besogne quand un objet dangereux s'abat près de moi. Sans attendre son bon plaisir, je le renvoie à l'expéditeur mais pas assez loin car un éclat vient me briser la jambe, j'étais fini : Les grenades pleuvent. le dernier camarade est tué. Je reste seul entouré de 4 cadavres. Impossible de m'emporter, les alemmands me l'expliquent et je reste là.

Je passe la nuit sans abri, sous les obus !!! Au matin, je me trouve seul, abandonné, je n'eus pas besoin de chercher l'explication, quelques minutes après je me trouvais sous un bombardement effrayant, préparation d'attaque. Je t'assure que je ne pensais pas vous revoir à ce moment-là; je vous disais adieuJ je repassais toute ma vie, je priais et attendais la mort, certain de n'en pas échapper.

Après 5 heures tout cesse, l'attaque arrive et je suis sous les obus français. Dieu a voulu que je m'en tire. Par miracle je m'en suis tiré. Au bout de 30 minutes j'étais relevé, emmené, sauvé et ce qui m'étonna le plus, c'est de ne pas avoir eu peur de la mort, aussi calme au milieu d'elle que dans un salon. J'ai souffert beaucoup pendant 20 jours, maintenant cela va mieux. Les blessures des bras, du visage et des cuisses sont à peu près guéries. Seule la blessure de la jambe gauche, fracture du tibia me retient encore au lit. Dans deux mois j'espère être tout-à-fait guéri, j'avais en tout 20 blessures, c'est insignifiant. Je rage aujourd'hui d'être réduit à l'impuissance et de ne plus pouvoir donner mon courage, ma force et mon sang à notre pays" 

 

Il a été transporté dans ce camp d'où il a écrit cette lettre.

Il a fait 6 tentatives d'évasion, étant repris 5 fois cela lui a valu de sévère punitions ( 300 jours de forteresse). En dehors des châtiments subis lorsqu'il était repris, la plupart des ces tentatives avaient entrainé beaucoup de souffrances, passant une fois 5 jours sans rien manger ni boire dans un wagon de marchandises. Sa volonté de rentrer en France pour reprndre le combat n'a jamais été entamée.

Sa dernière tentative fut la bonne et il arriva le 11 novembre 1918 à Prague alors que les cloches de l'armistice sonnaient.

Il terminait cette guerre avec la croix de guerre, la médaille militaire et la médaille des évadés.

 

Lors de la seconde guerre mondiale, il continua à se comporter de manière tout aussi héroïque:

Dès juillet 1940 il participe à un réseau d'aide (Comme son frère Henri à Lacroix sur Meuse) aux prisonniers évadés, aux réfractaires, aux pilotes alliès abattus et tous ceux qui résistent à l'opression nazie.

En 1944 le directeur de sa laiterie de Virty le François, et l'un de ses ouvriers, se font prendre bêtement par la gestapo, il se livre lui-même à la prison de Chalons pour obtenir leur libération endosant toute la responsabilité de l'affaire.

Il est alors déporté en Allemagne, où il continue à résister, animant et antrainant les volontés dans les différents camps où il est interné.

Son comportement lui vaut de nombreuses représailles. En avril 1945 son camp est évacué pour fuir l'avance des troupes russes, épuisé par les sévices et les privations il ne survit pas à cette terrible épreuve.

 

Son frère Henri, parti à sa recherche en suivant la 2eme D.B arrivera trop tard. Il me confiera de nombreuses fois sa grande peine de n'avoir pu sauver son frère et un sentiment de culpabilité terrible qui le poursuivra tout au long de sa vie.

 

"Jules Hutin fut à Melcke, dans la conditons les plus horribles, l'un des plus beaux types de Français. Son courage, son constant optimisme, son dévouement pour ses camarades ont forcé l'admiration de tous ceux qui l'ont connu.

Non catholique, j'ai pu, mieux encore que ses co-religionnaires, me rendre compte de la foi inébranlable qui l'animait. Dans la douleur qui les frappe, les siens peuvent être fiers de Jules Hutin"

(Eloge écrite par un député communiste - Déporté aussi- qui fut longtemps un de ses adversaires en politique).